Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                                                                                          LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE - 1999 - N°5

 

L'EGLISE PAROISSIALE

 

NOTRE-DAME-DES-GRACES DE REVEL

 

Dossier transmis par Jean Hébrard (écrit le 24mai 1999)

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Par lettres royales du 26 février 1342, le roi Philippe VI de Valois, à la suite du rapport présenté par les habitants de Vauré demandant la création d'une nouvelle ville (ou bastide) sur l'emplacement d'une partie de la forêt royale voisine, ordonna au sénéchal de Toulouse, Agot de Baux, de procéder à la fondation de cette bastide ; celui-ci s'exécuta et rédigea une Charte en quatre vingt neuf articles qu'il remit solennellement à Toulouse le 8 juin 1342 aux consuls de la nouvelle bastide qu'il appela Revel.

 

 

Le vingt cinquième article de la charte précise

 

Item, habebunt terram et fundum pro cimeterio, pro ecclesiá parrochiali et domo proesbiterali et alïïs capellis construendi libere, absque tam imtratis et admortisatione aliquibus.

 

De même, ils (les consuls) auront terre et fonds pour un cimetière, pour une église paroissiale et une maison presbytérale et autres chapelles qu'ils seront libres de construire sans avoir à payer quelque droit que ce soit, d'entrée en possession ou d'amortissement.

 

 (Autrement dit, ces établissements devenaient biens de main-morte au bénéfice de la Communauté, du consulat si l'on préfère, et n'étaient point biens ecclésiastiques ; la Révolution, quatre siècles et demi plus tard, n'aura rien à changer sur ce point.)

 

L'église, placée à l'invocation de la Vierge, sous le nom de Notre­ Dame- de - Grâce, dut être construite dès le milieu du 14eme siècle à l'emplacement actuel, le long du rempart sud-est, position excentrique peut-être; mais conforme au plan d'urbanisme adopté pour la plupart des bastides aux 13ème et 14ème siècles.

 

 

Pendant les guerres de religion, Revel sera le lamentable théâtre d'affrontements entre protestants et catholiques pour le gouvernement de la ville, au cours desquels l'église fut en 1567 pillée par les uns et remise en état par les autres, démolie en 1576 sur ordre du maréchal de Damville, (ainsi d'ailleurs que les établissements conventuels de la ville), reconstruite au début du règne d'Henri IV.

 

 Abattue pour la troisième fois à la reprise des combats sous, Louis XIII par Rohan le 11 novembre 1621, sa réédification fut alors bien modeste, mais ce dernier édifice aura au moins l'avantage de tenir jusqu'en 1736 ; c'est dans cette petite église, sur laquelle 'nous avons peu `de renseignements, que se déroula, les 14, 15 et 16 octobre 1685, le défilé pitoyable des quelque sept cents revélois de la religion venus l'abjurer solennellement, en croisant, dit-on, les doigts derrière leur dos ; et cela se passait en un siècle dit Grand.

 

maquette eglise
plan eglise

 

                                                                        

 

Sous le règne de Louis XV, à partir de 1736, nos consuls purent enfin réaliser la construction d'une église plus digne d'une si importante cité ; l'entrepreneur de Castelnaudary à qui revient l'adjudication des travaux en fut aussi l'architecte ; il donna quatorze mètres de portée à la nef et au choeur (l'église actuelle, quoique plus grande et plus haute, n'en a que douze) ; la nef, du côté du porche d'entrée, résista ; il n'en fut pas de même pour la partie est ; les murs se donnèrent du mouvement et la voûte du choeur se fissura.

Procès, reprise du chantier, pieds-droits sur les murs, poutres de consolidation sur, la voûte du chœur, du bricolage semble-t-il... On fit tout de même la réception des travaux en janvier 1741 et la bénédiction de l'église le 26 novembre de la même année.

 

La Révolution marqua son passage en utilisant la nef comme lieu de réunion politique et le clocher comme prison, avant que l'église ne retrouvât ses fonctions, ou à peu près, en devenant temple de la déesse Raison, où l'on célébra ensuite le culte de l'Etre Suprême sous le regard de plâtre du buste de Marat, les croix et autres symboles du fanatisme ayant été abattus ou martelés.

La partie supérieure du clocher disparut aussi dans l'enthousiasme démolisseur, mais on en conserva la base dont les murs de 90 cm d'épaisseur avaient découragé sans doute l'ardeur des pioches conventionnelles.

 

On fit plus tard couvrir les restes du clocher d'une chape pyramidale surbaissée qui devait les protéger et qui subsistera jusqu'en 1845.

 

Les équilibres budgétaires aussi modestes que périlleux obligèrent au début du 19ème siècle nos édiles municipaux à reporter plusieurs fois la reconstruction de cette église qui menaçait ruine si l'on en croit les relations des maires de l'époque.

 Finalement, il fallut attendre l'an 1830, à la fin du règne de Charles X, pour assister à l'adjudication des travaux de cette grande entreprise ; concurrence serrée dans les soumissions... un entrepreneur de Mazamet enlève l'adjudication avec un rabais que l'on jugera plus tard irraisonnable.

 Les travaux sont dirigés par l'architecte en chef de la ville de Toulouse, vieil homme usé, plus souvent en cure à Ussat que sur le chantier ; il y a rapidement incompréhension, mésentente, assignations par la voie administrative; puis en justice par l'entrepreneur contre l'architecte et le Conseil de Fabrique de la paroisse... dix ans d'une procédure qui finira dans les oubliettes des archives.

 

Le clocher fut édifié, non sans quelques avatars et retards d'exécution; de 1845 à 1850, sur la base carrée qui existe toujours; dans l'élégant style toulousain octogonal de briques à parements de pierre ; il est aujourd'hui masqué par la façade de 1889.

                                                     

 

vue avion
vue de cote

 

 

 

L'église du mazamétain ne valant pas mieux que celle du chaurien, `l'administration communale, sous l'impulsion du maire Jean Get, grand constructeur s'il en fut, décide en 1869 la reconstruction de l'église que nécessite l'insolidité incontestable de l'édifice, dixit M. Chambert, architecte départemental, dont le projet (plans et devis) semble séduire tout le monde à Revel.

 

Ainsi est née l'église actuelle, dont les travaux se succédèrent d'est en ouest, du chœur au transept, puis à la nef, enfin à la façade de 1869 à 1889, Jean Get, puis Paul Sarrat étant maires, Mr Berdoulat étant curé doyen de la paroisse et observateur scrupuleux des travaux, faisant surdimensionner les piliers du transept et de la nef parce qu'il craignait (comme son lointain prédécesseur Me Courrent de Courtin au 18eme siècle) que la voûte ne lui tombât sur la tête.

 

                                                                 

 

Et pendant plus de cent ans, notre église paroissiale, d'un style dit néo-byzantin, produit des architectes départementaux et diocésains de Toulouse, régulièrement entretenue, n'a point connu les problèmes de malfaçons qui ont alimenté aux 18ème et 19ème siècles les délibérations de nos consuls et de nos conseillers, malmené nos budgets communaux, entraîné nos édiles dans des procès aussi coûteux qu'inefficaces.

 

En cette fin de siècle (ou de millénaire) le Maire, Alain Chatillon, le CONSEIL MUNICIPAL et la paroisse ont eu à cœur de mettre un terme aux petits travaux d'entretien en réalisant de 1989 à 1997 de grandes tranches de rénovation dans la toiture, la zinguerie et les crépis extérieurs, et un réaménagement intérieur qui donnent à l'église un lustre qu'elle n'avait certainement jamais connu.

 

Les, personnes intéressées par l'histoire de l'église paroissiale Notre-Dame-des-Grâces de Revel et les reconstructions de 1736, 1830 et 1869 trouveront dans le numéro 5 des Cahiers de l'Histoire de Revel un article très détaillé et abondamment illustré sur ce sujet.

 

 

 

 

 

 

LES AVATARS  DE L'ÉGLISE PAROISSIALE NOTRE-DAME-DE-GRÂCE
 DE LA VILLE DE Revel

Des origines à 1736 : une période dont on sait peu de choses.


L'église paroissiale de Revel dut être construite peu après la fondation de la ville, au milieu du 14e siècle, à l'emplacement actuel, le long du rempart sud-est dont elle était séparée par l'escoussière ; cette situation excentrée est conforme à celles des églises des bastides du Sud-Ouest, quel qu'en soit le fondateur.
Au début des guerres de religion, l'église est pillée et démolie par les protestants (1567), mais elle est aussitôt reconstruite par les catholiques qui reviennent dans la ville, où ils tiennent jusqu'en 1576 ; cette année-là (la cinquième guerre de religion des historiens), les protestants, sous les ordres du maréchal de Damville, gouverneur du Languedoc passé dans leurs rangs, s'emparent de Castres et de Revel ; à Revel, le couvent de Saint-Antoine, sur l'actuelle place du Paty, est mis à sac et détruit ; il ne s'en relèvera pas ; l'église paroissiale, la capellanie Saint-Martin (en haut de la rue des Sueurs), le couvent des Frères Prêcheurs (au bas de la galerie du Levant) sont aussi mis à bas ; seule, la chapelle (ou église) des Frères Prêcheurs (RR.PP. Jacobins ou dominicains) est conservée à l'usage de temple par les religionnaires. Pendant une dizaine d'années (1579-1589), ceux-ci sont les maîtres de la place forte, où les consuls sont tous les quatre
de la religion.

En 1590, à l'époque où Henri de Navarre termine la huitième guerre, les protestants édifient leur temple, galerie du Nord, avec les matériaux de l'église des dominicains qu'ils démolissent à cet effet. L'église Notre-Dame a sans doute été reconstruite aussi dans ces années plus paisibles du règne du roi Henri, dit le Grand et quatrième du nom.

À la reprise des combats sous Louis XIII, les troupes protestantes commandées par Rohan la démolissent pour la troisième fois le 11 novembre 1621. Elle est rebâtie peu après, très modestement semble-t-il, du moins bien petite ; même pas une cloche dans le clocher !... Nous avons peu de renseignements à son sujet ; c'est dommage, car elle va marquer le paysage revélois pendant plus de cent ans (1630-1736).

Sa construction médiocre exige des travaux ; son exiguïté demande un agrandissement ; on en parle déjà en 1663.

Ce n'est qu'en 1727 que le sieur Monier, architecte de Soréze, dresse des plans et devis ; et on étudie un projet de financement : le roi Louis XV, par lettres patentes, autorise la villeà utiliser les sommes provenant du droit de subvention (octroi sur les viandes et les vins étrangers) qui se lève depuis 1693, qu'il proroge jusqu'en 1742, représentant la somme capitale de 17 700 livres.

 

L'église de 1736 - 1740

 

Le 10 mars 1736, une ordonnance de Monseigneur l'Intendant de Languedoc autorise l'adjudication des travaux de construction de la future église paroissiale sur nouveaux plans et devis du sieur Babret, maître maçon, tailleur de pierre et architecte de Castelnaudary ; l'adjudication a lieu le 31 juillet à Lavaur en faveur dudit sieur Babret pour la somme de 26 230 livres ; de ce fait, on sollicite du roi, et on obtiendra, la continuation de la subvention pour dix ans, jusqu'en 1752, soit un capital supplémentaire de l'ordre de 15 000 livres.

 

Les travaux de gros oeuvre (1736-1739)

Le 27 août, Babret fait déménager le mobilier de l'église chez les Frères Prêcheurs qui avaient rebâti au cours du 17° siècle et dont on « réquisitionnait » la chapelle pendant la durée des travaux pour le service paroissial ; il entreprend les démolitions (dont il s'est réservé les matériaux dans les clauses de l'adjudication) et procède au piquetage du chantier en présence de messieurs les maire et consuls.

En novembre, les fondations étant creusées, on les garnit sous la surveillance des com­missaires délégués avec des matériaux extraits de la carrière de la Murette, en haut de la côte de Saint-Ferréol. Plus tard, le Sr Piton, traceur de pierre de taille de Saïx, est appelé à choisir la meilleure carrière de pierre à bâtir : c'est la carrière du Montagné, à Nogaret qui est retenue.

Un an après, en octobre 1737, les entrepreneurs (Babret a des associés) ont monté les murs à une hauteur de quatre mètres. À Mgr Nicolas de Valézieux, évêque de Lavaur, venu à Revel, le conseil soumet quelques modifications dans l'aménagement intérieur : on ne conserve que deux chapelles, la chapelle Notre-Dame et la chapelle Saint-Jean ; on en supprime trois de chaque côté ce qui permet de créer des bas-côtés couverts d'arceaux à appuyer sur les piliers de la nef ; on prévoit enfin une deuxième sacristie au midi (la première que l'on vient de construire au nord est vraiment petite) qui pourra être utilisée par les marguilliers ; le projet est adopté ; le devis de Babret relatif à ces transformations (il devra démolir les chapelles déjà commencées) s'élève à 1100 livres.

Le 8 avril 1738, Babret va commencer le portail de la façade ; il suggère de décorer celle­ci de quelques marques : au milieu les armoiries de Monseigneur l'évêque, à côté celles de la ville, et de l'autre côté, pour parfaire la symétrie, le nom de messieurs les consuls, travail que l'on peut confier à M. Darcy, graveur à Toulouse près les Pénitents Noirs ; la proposition est acceptée, sauf que la troisième marque figurera les armoiries de noble Jean de Rivenc, Sr de Perredon, premier consul pour cette année 1738 ; l'intéressé notera des murmures et des réflexions désobligeantes dans la ville à ce dernier propos.

Extrait du plan de Molles-Puiredon(1819/ A.C.Revel série M4)

 

                                                   

 

Plan de l'église de 1736 -1740

 

Ce croquis a été établi à partir du seul document que nous possédions et qui est reproduit en partie à droite ; c'est un plan du quartier de l'église dressé le 6 mai 1819 par M. Molles Puiredon, agent voyer, par ordre de M. le maire, Isidore de David­Beauregard, en vue de la cession à la fabrique de l'église, du terrain compris entre le chœur et le rempart.

Ce plan met en évidence les dimensions extérieures du bâtiment, mais aussi l'existence, derrière le mur du chœur, de quatre contreforts dont nous ne connaissons pas la date de construction.

Dans l'aménagement intérieur de la nef (baptistère, clocher, piliers), nous avons utilisé pour le croquis les plans de 1836, puisque cette partie de l'église n'a pas été reprise dans les travaux de cette période.

A l'extérieur, on remarquera que l'escoussière existait encore en 1819 en deçà du rempart, le long de l'église et du nouvel hôpital de M'" Bessières ; le bâtiment actuel auquel s'adosse la fontaine Notre-Dame date de 1820.

Légende : (A) baptistère ; (B) clocher ; (C) première chapelle ; (D) deuxième chapelle ; (E) petite sacristie ; (F) grande sacristie.

 

 

L'église de 1736-1740


 

Ci-dessus à gauche, vue en élévation de la façade de l'église ; le porche est surmonté d'un motif rectangulaire qui contenait sans doute une dédicace; au dessus, la lune circulaire (c'est-à-dire une lucarne vitrée de 1,50 m de diamètre environ) ; les armoiries qui devaient se trouver de chaque côté ne sont pas représentées sur ce dessin ; elles seront martelées, c'est à peu près certain, à la Révolution. À droite, vue en élévation latérale côté sud (escoussière et rempart) ; les piliers supportant les doubleaux de la voûte de la nef apparaissent


 

à l'extérieur ; la voûte du chœur ayant pris du mouvement, on a étayé le mur par de puissants et inélégants contreforts. Les otites du clocher initial étaient masquées par la toiture de la nef ; on éleva donc un deuxième niveau de 4 ou 4,50 m.

Ci-dessous, le cadre de l'église avec la porte et le ponteau Notre­Dame, le rempart - ce n'était à cette époque guère plus qu'une épaisse murette - surplombant le réservoir ou abreuvoir.

 

 

Incident sur le chantier

 

Le 6 juillet, en assemblée du Conseil de la Communauté, ledit premier consul propose (nous dirions « expose ») qu'il a fait plusieurs fois ses remontrances au nommé Babret qui se sert de caillou et non de pierre pour bâtir les murs, ne respectant pas ainsi les clauses du bail, que ledit Babret refuse en outre de poser les armoiries sur la façade, que hier, lui, premier consul, a fait acte à Babret de ses agissements, que celui-ci, au-delà de l'insolence, a eu la témérité de dire qu'il se foutait de tous les actes, que les armoiries ne se poseraient point et qu'il bâtirait avec du caillou malgré le consul et toute la Communauté ; et ledit Babret tenant toujours son chapeau sur sa tête en air d'Arlequin, réitérant ses impertinentes réponses, ledit sieur de Perredon [...] avec sa main lui a jeté son chapeau à terre, lui disant qu'il devait avoir le respect de la magistrature, et Babret n'a pas cessé de lui répéter ses impertinences.

Le Sr de Perredon part à Montpellier le 12 juillet, obtient une ordonnance de l'Intendant de la province le 19, par laquelle le subdélégué à Lavaur est prié de nommer des experts pour vérifier si la bâtisse est conforme au devis ; Babret en est informé le 2 août ; les armoiries sont mises en place dans le courant de ce mois.

 

Une anomalie dans les plans du sieur Babret

 

Un an après, Estienne Tailhade, premier consul pour 1739, observe que la toiture de la nef masque le logement des cloches vers le nord-ouest (du côté de cers tirant aquilon) et qu'on ne pourra entendre celles-ci dans la ville ; il faut surélever le clocher ; l'évêque, consulté, déclare qu'il faut faire le clocher en tour carrée et retrancher la flèche qui est exposée au vent du levant et serait d'un entretien fort coûteux.

On conserve cependant le plan initial, avec une surélévation de quatre mètres, et on remplacera en outre les crochets (petites tuiles en écaille de poisson) de la flèche par de l'ardoise taillée de Massaguel. C'est Pierre Grimaud, maçon de Palleville, l'un des associés de Babret à la construction de l'église, qui est adjudicataire de ces travaux (6 avril 1740) pour 500 livres ou environ, selon le toisé (métré) qui sera effectué, l'ouvrage terminé.



Les travaux intérieurs de 1740

 

Le 27 mai, la construction du maître-autel et des deux chapelles est adjugée aux chandelles à Jean Galinier, maître marbrier de Caunes (en Minervois) pour 1700 livres ; ces travaux seront exécutés en marbre incarnat pour janvier au plus tard ; sans attendre l'homologation du bail par les services de l'Intendant à Montpellier, on verse 600 livres audit Galinier, ce qui l'engagera à mettre tout de suite la main à l'oeuvre.

Les mois suivants, les édiles s'occupent à dresser le plan d'un degré (escalier) en bois dans le clocher ; ils font harmoniser par un habile badigeon les arceaux de la nef et ceux des bas-côtés (les uns sont en brique, les autres en pierre de taille).

Et dans le courant du mois d'août, afin d'utiliser une somme de mille livres remise en juillet 1737 par l'évêque de la part d'un donateur anonyme, le curé, M.Me Jean Courrent de Courtin, et le maire, noble Marc Antoine d'Auriol, sieur de la Plagnolle, seigneur de Dournes, invitent le sieur Parant, maître sculpteur de Carcassonne, à présenter un projet pour la décoration du maître-autel et des chapelles ; le projet était prêt depuis longtemps : devis 1950 livres ; le bail est passé sur-le-champ ; acompte cy versé : les mille livres du donateur.

Enfin, pour la modeste somme de vingt livres, le maire fait poser quelques jours plus tard sur le dernier arceau de l'église une pierre gravée des noms et qualités de messieurs les officiers municipaux en place.

Monseigneur passe à Revel fin septembre ; il visite l'église, la trouve très obscure et demande que l'on exécute quatre vitraux à la nef, égaux à ceux qui y sont, et un cinquième au chœur, côté midi, par-dessus la grande sacristie. Les comptes consultés montrent qu'on a déjà dépassé le budget ; Monseigneur se contentera dans l'immédiat du cinquième vitrail qui lui semble indispensable ; cet ouvrage sera adjugé à Bernard Segonne pour 165 livres.

D'autres travaux de dernier ressort sont exécutés les mois suivants : réfection du tambour (c'est le sas) du porche d'entrée que le menuisier a fait trop petit ; remise en état des bancs des notables et de la chaire.

 

La réception de l'église

 

Le dimanche 20 novembre 1740, comme tous les dimanches, le Conseil est réuni à l'hôtel de ville. François Izar, conseiller politique, de solide bourgeoisie revéloise, avait accepté en 1736 d'être caution de Babret à l'adjudication des travaux de la nouvelle église ; dans le lan­gage de l'époque, il est un des baillistes de l'entreprise, et, à ce titre, il annonce que l'église sera faite et parachevée dans le courant de la semaine, qu'il lui importe de faire recevoir cet édifice par telles personnes que la Communauté avisera de nommer conjointement avec celles que les baillistes nommeront, lesquelles prêteront serment et remettront leurs relations, etc. L'assemblée délibère et forme la commission : sont désignés les sieurs conseillers Descrozes, Mayran, Desplas et Armaing, mais avant tout, elle prie messieurs les maire et consuls d'agir auprès du sieur Colombier, ingénieur et directeur des ouvrages du Canal pour qu'il vienne à Revel donner ses avis et conseils.

M. Colombier arrive le dimanche suivant, étudie les dossiers et les lieux, et le lendemain se met aux mesurages, aidé par le charpentier Claude Cals, un artisan de Revel ; devant le maire et les consuls admiratifs, devant les baillistes attentifs, il exécute un toisé des travaux avec la dernière exactitude, de telle sorte que les deux commissions décident d'un commun accord de ne pas revenir sur ses mesurages et de s'en tenir à sa relation.

Et M. Colombier refuse les honoraires que le maire lui propose ! On se croit alors obligé de le régaler au cabaret de Pénavaire, hoste près la porte de Castres (aujourd'hui n° 28 et n°30, rue Victor Hugo) ; on est sans doute nombreux à la table puisque la note s'élève à 19 livres, plus 24 sols à Cals qui a tenu l'échelle toute la matinée et pour lequel on offre une tournée. Puis on raccompagne M. Colombier à sa voiture avec force compliments et les commissions se donnent rendez-vous à quinzaine.

Le dimanche 4 décembre, les experts choisis par les commissions sont présents à l'hôtel de ville : pour la Communauté, les sieurs Jacob Guibaud, serrurier, et Pradelles, maître charpentier, et un forain (non revélois) dont la présence est réglementaire, le sieur Madaule, maître maçon de Saint-Affrique ; pour les baillistes, François Tzar présente les sieurs Antoine Brunel, maître maçon de Montgey et Jean Galtier, maître maçon de Soréze.

Délibéré rapide : prestation de serment le lendemain ; prochaine réunion, le vendredi suivant.

 

Le vendredi 9, à huit heures du matin, la commission députée par la Communauté confère à l'hôtel de ville avec les experts de la façon qu'on devrait procéder

Dans cet instant même, il est signifié (par voie d'huissier) aux maire, consuls, syndic et Communauté un acte à la requête de M. Maître Jean Courrent de Courtin, prêtre et curé de la présente ville, par lequel, ès raisons y déduites, ledit Maître Courrent, curé, dénonce à la Communauté, vérificateurs et entrepreneurs qu'il est opposant aux délibérations prises par l'assemblée à l'occasion de la vérification et réception de l'édifice de ladite église jusques à ce que l'instance prétendue dans ledit acte soit vuidée (réglée, terminée) et proteste de nullité et cassation de tout ce qui sera fait au préjudice dudit acte.

L'acte n'a pas été transcrit dans le registre des délibérations, mais on en trouve les principales lignes plus tard ; les raisons y déduites sont : l'utilisation de caillou (galets du Sor ?) au lieu de pierre (pierre de carrière ?) ; la connivence des baillistes de l'entreprise avec les conseillers politiques, dont beaucoup sont les parents de François Tzar (ce qui est exact, p.ex. les Bastoulh, Bessières, Devais, Pech et autres Cailhasson) ; l'état du choeur et de la nef qui ne sont ni recevables, ni en situation de l'être ; la ruine qui menace la voûte du choeur et les murs ; enfin les nombreuses reprises dont la Communauté supporte les frais.

Le maire, noble Marc Antoine Auriol de la Plagnolle est absent de Revel ; le premier consul, le sieur de Perredon, en fin de mandat (il lui reste trois semaines à servir sous la robe consulaire), passe outre l'acte de M. le curé, disant qu'il a un intérêt sensible d'épargner la dépense qu'avait faite la Communauté, en renvoyant lesdits experts (autrement dit, il ne voudrait pas payer aux experts la vacation qui leur est due alors qu'ils n'auraient rien fait) et qu'il croit que, sans préjudice de l'opposition et du droit de toutes parties, il peut faire commencer ladite vérification.

Nous apprenons par le compte rendu de l'assemblée du dimanche suivant (le 11), que les experts ont fait et travaillé avec lesdits députés et le sieur de Perredon ledit jour neuvième et aussi le dixième du courant et que la vérification encommencée se continuera jusques à la fin.

La fin, c'est le mercredi suivant, le 14 décembre, date à laquelle les experts remettent leurs relations dûment enregistrées devant notaire au bureau de l'hôtel de ville. Les députés commis aux vérifications prennent alors un mois pour se plonger dans l'examen desdites relations et dresser la leur propre.

Et le 13 janvier 1741, à l'hôtel de ville, l'assemblée, sans préjudice de l'acte fait par M. le Curé et sous le bon plaisir de Monseigneur l'Intendant, a reçu et reçoit l'édifice de ladite église et ouvrages dont est question, ce faisant messieurs les maire et consuls sont priés de poursuivre auprès de Monseigneur l'Intendant l'autorisation des susdites délibérations et la permission de payer

M. le Curé, conseiller politique (c.-à-d. de droit, d'office), signe en précisant «Courrent de Courtin, nous déclarant opposant à la réception de ladite église, prenant à partie les délibérations attendu qu'ils ont procédé à ladite réception nonobstant l'instance pendante par devant le Seigneur Intendant et l'acte d'opposition fait en conséquence ».

Plus loin, François Tzar signe à son tour et lui répond « Fr. Izar et moi, en qualité de caution de l'entrepreneur, me réserve le déboutement de la présente opposition avec tous dépens, dommages et intérêts, sans préjudice des augmentations que j'ai à demander et autres droits, actions et exceptions contre qui il appartiendra ».

 

Des finitions jamais finies

 

Pendant l'année 1741, de nombreux travaux d'importance inégale sont menés à leur terme.

Pierre Grimaud achève le clocher, dont la réception avait été remise à plus tard ; Claude Cals dresse la charpente de la flèche, mais les conseillers lui demandent de remplacer le bois de sapin par du bois de chêne : augmentation 180 livres ; Grimaud ensuite couvre la flèche avec de l'ardoise et constate que, dans le devis qui lui fut fait, il fut omis de couvrir de plomb le pignon et les angles (les arêtes) de la couverture. Le nommé Massip, chargé de ce travail, y consomme 105 kg de plomb, des clous et des chevilles, plus son propre salaire, coût de l'ensemble 88 livres 9 sols et 3 deniers ; il place aussi une croix de fer sur le pignon de la flèche.

Il faut refaire le marchepied en pierre du grand autel, dont les marches ne conviennent pas ; le nouveau premier consul, le sieur Marie Joseph Gouttes, se fait l'avocat de M. le Curé : il faut des marches plus larges pour faire avec décence les saints offices, surtout lorsqu'il s'agit de célébrer les saints mystères avec diacre et sous-diacre, étant même impossible que le célébrant puisse descendre ledit marchepied sans risquer quelque irrévérence lorsqu'il faut donner la sainte communion.

Le sieur Parant consulté montre à Grimaud que les mesures du devis n'ont pas été res­pectées ; Grimaud acquiesce, et en est quitte pour faire venir vingt-six charretées de pierre de Viviers, ce qui, avec la taille et la maçonnerie, lui coûte 240 livres ; il se rattrape un peu avec un nouveau marché : réutiliser l'ancienne pierre pour faire le perron d'entrée devant le portail.

Les sieurs Galinier, marbrier, et Parant, sculpteur, terminent le montage et la décoration du maître-autel.

On avait prévu aussi l'achat d'un tableau, une toile peinte semble-t-il, à placer sur ledit maître-autel ; il faut y renoncer et on se contentera de l'ancien, remisé en ce moment à l'hôtel de ville, qui paraît en état de servir et que le sieur Lambergot, peintre de Lavaur, restaure pour 40 livres à cet effet ; Claude Cals le transporte vers la mi-octobre à l'église et le place dans le cadre de marbre que Galinier avait prévu : coût 30 sols.

Antoine Franc, le menuisier, a réparé chez les Frères Prêcheurs les bancs des notables et la balustrade du choeur qu'on leur laisse, et il a terminé de nouveaux bancs, un pour les maire et consuls, un pour les officiers de justice, un pour les marguilliers et un pour ceux qui coupent le pain bénit ; il garnit encore le tabernacle de marbre d'une caisse en sapin.

Mais bien des choses sont encore en attente, à faire ou inachevées. 

 

La bénédiction de l'église et le premier office (dimanche 26 novembre 1741)

 

Vers la mi-novembre, M. le Curé voulant procéder à la bénédiction de la nouvelle église paroissiale avec décence tant dedans que au dehors [...] expose qu'alentour de ladite église il y a des immondices, que d'ailleurs du côté de la sacristie le terrain se trouve plus élevé que le dedans de l'église, ce qui rend ladite sacristie fort humide et causerait la perte des cabinets (coffres, armoires) et ornements des prêtres si cette élévation n'est abattue et mise au niveau du dedans ; que d'autre part il convient de faire placer les fonts baptismaux, pour quoi faire (pour ce faire) l'ancien eau-bénitier, en le recreusant, pourrait servir [...] ; comme aussi de faire remplacer la vitre au vitrail du chœur de l'église.

M. le Curé s'en tient là ; l'assemblée délibère de faire faire ces travaux incessamment, le tout au frais de la Communauté.

Le samedi 25 novembre, M. le Curé fait signifier par Me Combos, huissier de cour, un exploit en forme d'acte à MM. les maire, consuls, syndic et Communauté de Revel, parlant à la personne de M. Gouttes, premier consul, auquel il baille copie. Dans cet acte, le curé reprend les termes de son premier acte du 9 décembre 1740, rappelle qu'il obtint le 11 mars 1741 de Mgr l'Intendant l'ordre pour les autorités de Revel de faire une nouvelle vérification et de surseoir au paiement des entrepreneurs, que lesdites autorités ont fait semblant d'ignorer cette ordonnance (on n'en trouve pas mention dans le registre des délibérations) ; que, d'un autre côté, il est sollicité par la plus grande partie des habitants de faire le service divin à la nouvelle église, partie du public devant aller à la campagne entendre la sainte messe, l'église des Prêcheurs étant trop petite. En conséquence, il commencera le lendemain, dimanche 26, à faire le service divin à la nouvelle église, après que les cérémonies de bénédiction auront été faites conformément aux saints décrets et canons de l'Eglise, protestant au surplus contre la C-ommunauté les accidents qui pourraient arriver au choeur de ladite église par le défaut de l'entrepreneur qui en a fait la construction.

M. Gouttes ne rencontre le maire, noble Marc Antoine Auriol de la Plagnolle, que le lendemain matin, précisément à l'église des Frères Prêcheurs, dans le temps que le curé se dispose d'aller bénir la nouvelle église paroissiale ; le maire assiste à la procession de bénédiction à l'intérieur et tout autour de l'église, puis à la messe inaugurale, et, en fin de matinée, fait convoquer le conseil pour le lendemain lundi ; ne se présenteront que MM. Barthes, Bories et Ricalens, et le greffier ; article « renvoyé » à la prochaine séance !

Le dimanche 3 décembre, sont présents le maire et les trois consuls, cinq conseillers politiques (sur vingt-quatre convoqués), le syndic et le juge. Après lecture de l'acte signifié par le curé, l'assemblée délibère que la réception a été faite dans les formes requises, que tout est consommé à ce sujet, que ledit acte n'a pas été connu avant la bénédiction de l'église ni l'ordonnance alléguée dans iceluy (l'ordonnance du 11 mars), qu'elle oppose au sieur curé des fins de non-valoir et de non-recevoir, et que si ledit curé prétend son opposition soutenable, il n'a qu'à la faire vuider (régler) à ses frais et dépens.

 

 L'année 1742 ; le craquement de la voûte

 

À un mois de là, dans les premiers jours de janvier 1742, l'évêque de Lavaur, de passage à Revel, voit la difficulté qu'il y a de monter à l'église à cause du grand terrain et des boues de l'hiver au devant d'icelle (ainsi, de la mi-novembre à ce jour, le parvis n'a pas encore été aménagé) ; les paroissiens demandent qu'il y soit fait une esplanade et plate-forme afin d'assister plus assidûment aux offices et services divins.

Le maire, de son côté, soulève la question des bancs des particuliers ; la nouvelle église n'en a pas à leur disposition et ceux-ci font apporter des chaises, ce qui occasionne bien d'indécence et de contestations ; les marguilliers sont donc chargés de faire placer des bancs, fournis et payés par les intéressés, chacun à son rang, en concession perpétuelle à raison de 15 sols par an et place, après contrat devant notaire ; ils ont ainsi droit de marchepied, agenouilloir et accoudoir, soit en longueur 2,10 m, en largeur 0,90 m et en hauteur 1 m ; les premiers clients sont MM. de la Plagnolle et de Perredon pour cinq places chacun ; MM. le capitaine de Portal, Poitevin Saint-André, de Raissac, Devais et Pech pour quatre places l'un. Il y en aura beaucoup d'autres par la suite.

Quant à M. le Curé, toujours aussi pugnace, il fait signifier le 14 janvier aux autorités une requête relative à ses oppositions ; il demande une nouvelle expertise des murs ; l'assemblée répond en reprenant les termes du 3 décembre, et lui fournit, comme il le demande, les pièces du dossier.

L'incident que le curé attendait sans doute depuis longtemps se produit le mardi 10 avril le vicaire est en train de confesser lorsqu'il entend comme s'il avait été tiré un coup de fusil ; c'est un éclat de la voûte du choeur à laquelle il y avait déjà plusieurs petites fentes ; le curé et le vicaire s'aperçoivent qu'elles ont grossi et augmenté et vont dire à M. le maire qu'ils ne veulent plus célébrer les offices au maître-autel, craignant que la voûte ne tombe sur eux.

Le curé célèbre l'office le dimanche suivant à l'opposé du choeur, sur une espèce d'autel portatif qu'il avait fait confectionner depuis quelque temps dans l'attente de cet événement. Les conseillers, aussitôt assemblés, décident d'accélérer la finition des autels des chapelles que le curé pourra utiliser pendant la durée des travaux à la voûte. Une ordonnance de l'Intendant ne les autorisera à faire ces finitions que dans une seule des chapelles.

 

 Et encore des travaux

 

À l'automne de 1742, le grand vent d'autan qui souffle souvent occasionne beaucoup de gouttières au couvert de la nef et détruit les vitres qui sont aux vitraux ; ceux-ci sont remis en l'état et consolidés par des barres de fer en janvier 1743 par le sieur Campmas, maître vitrier dont la facture de 5 livres 15 sols est ramenée à 5 livres.

À l'automne suivant, c'est la lune (la lucarne) au-dessus du portail qui perd son vitrage ; Pierre Alary le répare et le conseil lui donne le bail de l'entretien régulier de tous les vitraux pour huit livres par an et l'exemption de la capitation.

Le clocher n'ayant pas de cloche, dont l'achat n'avait pas été compris dans le bail, on avait décidé en 1742 d'y placer la cloche du petit clocher de la porte Notre-Dame ; Jean Bories réalise ce projet en 1745 après avoir disposé une charpente à cet effet.

Et la chapelle qu'attend M. le Curé pour sa propre sécurité, baillée à Grimaud en 1744, est parachevée par Carrière en 1746 ; si le plan initial a été respecté, ce qui est probable, elle présente un plafond voûté soutenu par quatre colonnes de 2,10 mètres encadrant l'autel, le tout de marbre incarnat (marbre de Caunes).

 

 L'église est donc vraiment terminée

 

En 1752, vient à échéance la dernière tranche du droit de subvention qui permet à la Communauté d'achever de payer la construction de la nouvelle église, moins le clocher, se trouvant seulement avec une petite cloche dont le son à peine peut s'entendre au milieu de la ville, qu'il serait à souhaiter d'en acheter une d'une grosseur convenable à pouvoir entendre dans toute la ville.

M. le curé arrête ses manœuvres procédurières, ayant l'occasion de se rattraper dans une action en Parlement à Toulouse contre les marguilliers de son église, qui va durer des années il prétend exiger d'eux serment à leur nomination, serment qu'ils doivent de plus lointaine mémoire à messieurs les consuls seulement.

 

Infatigable plaideur, il s'en prend ensuite au sieur d'Arboussier, seigneur de Montégut, pour quelque obscure cause que j'ignore.

De 1753 à 1829, l'église n'apparaît plus qu'épisodiquement dans les archives de la ville et dans les ouvrages des historiens de Revel : des travaux de toiture dans les années 70, puis en 1784 où l'on reparle encore de l'achat de cloches. Il convient cependant de s'étendre sur une période fertile en événements dans laquelle l'église joue son rôle.

 

Advient la Révolution

 

Une grande activité et beaucoup de monde au sein de l'administration obligent la commune dès 1791 à quitter la maison de ville, sous la halle, devenue exiguë ; le tribunal de district a réquisitionné dès les premiers jours le couvent des Jacobins ; restent le presbytère où s'installent le conseil de la commune et les services municipaux, et l'église où ont lieu les réunions publiques, nombreuses et très suivies, et, à partir de novembre 1793, les cérémonies dédiées à la déesse Raison, sous le regard de Marat dont le buste a remplacé la croix et autres signes du fanatisme ; puis, en juin 94, le culte de l'Être Suprême.

La prison de la maison de ville étant devenue elle aussi trop petite, on pense aménager deux planchers dans le clocher, dont les murs ont quatre pans (90cm) d'épaisseur, ce qui ferait trois appartements pour les criminels ; l'entrée dans l'église serait condamnée et on ouvrirait une porte sur le parvis. Ce projet fut-il jamais exécuté ?

Mais par contre, la partie supérieure du clocher, au-dessus du couvert de la nef, est bel et bien abattue à cette époque ; seule, la base, sur une hauteur de quatorze mètres, subsistera... jusqu'en 1845 avec un chaperon pyramidal de ciment qui la protège, et... jusqu'à nos jours surmontée du beau clocher octogonal à deux rangs d'ouïes de 1845-1849 malheureusement masqué par la monumentale façade de 1880 et la tour de 1889 qui la flanque au midi.

C'est encore en cette époque troublée que disparaît une statue en bois de la Vierge que Léodère Géry, directeur de l'école des Frères et auteur d'une Histoire de Revel, retrouvera vers 1900 à Lempaut.

Disparaissent aussi à cette époque les bancs des notables et des particuliers qui encombrent la nef de sorte que tous les citoyens ne peuvent entrer les jours de cérémonie ; à l'inventaire de l'an 10 de la République (1801-1802), on recense un banc seulement, mais cinq cents chaises dans l'église.

 

 Un état des lieux sous le Consulat

 

En 1803, le 18 floréal de l'an 11, Bonaparte étant premier consul, la municipalité de Revel inscrit au budget de l'an 12 les sommes de 4000 francs pour meubler le presbytère et 3748 francs pour les fabriciens (budget de l'église) ; quant au clocher «démoli par ordre des députés de la Convention Nationale, il ne pourrait être reconstruit sans occasionner des dépenses trop considérables pour que la commune pût y pourvoir en ce moment ; la reconstruction, évaluée à 4000 francs est renvoyée à une circonstance plus favorable.»

 

 Opinions contradictoires sous la Restauration

 

En 1818, sous le règne de Louis XVIII, le maire informe le préfet que la voûte de l'église menace ruine (Me Jean Courrent de Courtin n'avait cessé de le répéter voilà quelque quatre­vingts ans) ; le maire demande un homme de l'art. M. Bailly, ingénieur des Ponts et Chaussées à Toulouse, vient à Revel et l'on s'accorde sur la consultation de deux personnes très entendues dont M. Blanc que Dom Despaux, ancien directeur de l'école de Soréze, avait envoyé exprès à Paris et à ses frais afin qu'il pût être un jour l'architecte du Collège ; leur rapport d'inspection : «Il n'y a nul danger imminent ; la reconstruction de la voûte n'est ni indispensable, ni même nécessaire ; rien n'a bougé ; la voûte a été forcée par l'ancienne charpente avant la réparation du toit, il y a quinze mois. » (Il y avait donc eu des travaux sur la toiture au printemps 1817). Le CONSEIL MUNICIPAL ne tiendra aucun compte des avis entendus de MM. Bailly, Blanc et consort.

 

L'église de 1829 - 1838 (?)

 

 En 1819, la commune cède à la fabrique de la paroisse un terrain de 771 m2 dit tour de ronde de l'église en vue de l'agrandissement de celle-ci. Il n'est point question en effet de démolir l'église ; ce qu'il faut démolir , c'est le sanctuaire et sa voûte, et l'on profitera de ces travaux pour agrandir la nef, ajouter des chapelles latérales et reconstruire le chœur plus à l'est.

 

 Un architecte, Monsieur Urbain Vitry

 

En 1829, M. Urbain Vitry, architecte en chef de la ville de Toulouse est appelé par la ville de Revel à dresser les plans et devis de la restauration et décoration de l'église Notre-Dame, et particulièrement de la reprise de toute la partie orientale ; il conservera l'entrée et l'ancienne nef ; le devis s'élève à 32 000 francs.

La commune a engagé 22 000 francs sur l'école des Frères de la rue du Taur, achetéeà Sarrat en 1825 et qui a nécessité d'importants travaux à paiements échelonnés ; elle vient, il y a quelque mois, de donner en adjudication la démolition et la reconstruction de l'édifice de la halle (c'est-à-dire du beffroi) qui menaçait ruine, pour une somme de 20 000 francs, dépense tout à fait imprévue ; autant dire que la municipalité n'a pas un sou.

L'abbé Albert Dubois, curé de la paroisse et président du conseil de fabrique, dispose de quelque 15 000 francs obtenus de ses généreux paroissiens ; pour réduire le devis, on se limitera à l'agrandissement de l'église et à la construction d'une voûte en charpente pour couvrir les combles ; on abandonne l'érection du clocher, la tribune, les ornements extérieurs et intérieurs ; le nouveau devis est établi à 20 256,54 francs.

Le curé écrit lui-même à Son Excellence Monseigneur le prince de Polignac, ministre de l'intérieur et des cultes, et lui demande 10 000 francs (il compte large : n'y a-t-il pas les honoraires de l'architecte, ses déplacements et autres impondérables ?) ; il a encore un argument imparable : en 1828, les protestants de Revel qui sont moins de cinq cents ont obtenu 2000 francs de subvention pour la restauration de leur temple ; alors, pour ses paroissiens qui sont plus de cinq mille, 10 000 francs, ce n'est point trop demander.

 

 Et un entrepreneur, le sieur Caville

 

L'adjudication a lieu à Revel, aux chandelles, le 30 novembre 1829 ; une douzaine de soumissions ont été déposées ; les moinsdites tombent en cascade ; c'est le sieur Caville,

entrepreneur de Mazamet qui enlève les travaux avec 12 % de rabais, à 17 825,76 francs. Ce rabais sera considéré plus tard comme irraisonnable.

Le 28 mars 1830, après démolition de la partie est de l'église, les fondations des nouveaux murs sont terminées ; M.Vitry tombe gravement malade ; il est remplacé par M. Barthes, un architecte de ses amis, et M. Rességuier de Castelnaudary ; M.Vitry ne revient qu'à la fin de l'année ; il semble que les fabriciens, le curé et le vicaire Sentis aient décidé en son absence, sans doute aussi avec l'assentiment de Caville, de faire certains importants changements dans le devis et les plans.

Toujours est-il qu'en février 1831, les ouvriers constatent que les nouveaux murs prennent du mouvement et que la voûte du choeur s'affaisse ; M.Vitry alerté vient aussitôt (il est aux eaux à Ussat), ne juge pas qu'il y ait péril imminent ; Caville termine sa couvertureà la fin du mois de mai et demande la réception des travaux ; M.Vitry s'y refuse, les jugeant irrecevables tant que l'entrepreneur n'aura pas corrigé les malfaçons à la voûte.

En juillet, Caville, qui a clos le chantier depuis plus d'un mois, estimant les travaux achevés, passe à Revel « aux nouvelles » et apprend du vicaire Sentis que Monsieur l'ingénieur (M.Vitry), de concert avec messieurs les fabriciens, avait déterminé (décidé) la réfection de certains ouvrages : « soubaissement » de la toiture du sanctuaire, réfection des murs du midi et du nord et de l'arceau qui divise le sanctuaire du reste de l'édifice (c'est-à­dire entre le chœur et la nef). Fallait-il donc que Caville reprît la plus grande partie des travaux ?

Caville adresse une lettre polie, mais ferme aux fabriciens, disant qu'il lui est impossible de réaliser ces projets décidés à son insu, charge infiniment pénible sans rapport avec les défauts relevés. Et il laisse entendre qu'il agira par voie de justice.

M.Vitry, toujours à Ussat, prévenu par les fabriciens, écrit le 26 juillet 1831 à Caville une lettre amicale, familière, paternelle : « Vous êtes donc fou d'avoir écrit cette lettre [...]. Si une instance s'engage, on vous fera certainement démolir les cintres [...], les bases, les chapiteaux, la frise (toutes choses où les dimensions n'ont pas été respectées, mais sur quoi l'architecte avait fermé les yeux) ; vous avez été mal conseillé, dupe de quelque avocat [...] (et ici, une diatribe contre l'ordre des avocats), qui ne demande pas mieux que d'avoir un procès à soutenir, n'importe que vous le perdiez ; dans vos intérêts, renoncez à ce mauvais parti et baissez le comble, ainsi que nous en étions convenus, ainsi que tous les petits travaux ; croyez que ce conseil est dicté uniquement par l'intérêt que je vous porte ; et la crainte de vous voir enfourné dans une mauvaise affaire m'a seule engagé à vous écrire ; du reste, vous ferez ce que vous croirez convenable, mais j'ai cru devoir vous éclairer sur le précipice où l'on veut vous entraîner »

En novembre 1831, Caville adresse au maire de Revel un copieux mémoire d'une quinzaine de pages, où, contre M.Vitry et les fabriciens, il se défend de toute faute professionnelle.

 

Résumons:

 

La position de l'entrepreneur : dès le début des travaux, il a reçu des ordres verbaux du curé et des fabriciens auxquels l'architecte a acquiescé, relatifs à l'exhaussement des murs latéraux et de la voûte. Ce sont ces changements qui ont entraîné les défauts apparus par la suite.

 

Plan de l'église (restauration et agrandissement de 1829 à 1838)

 

 

À l'ouest, la façade et la nef n'ont pas été modifiées (sauf peut-être le baptistère) ; à l'est, le tracé pointillé est celui de l'église de 1736; la sacristie a été rejetée rue de l'Étoile, derrière le choeur ; ce croquis reproduit le plan au 1/500 du plan général d'alignement des rues rue de Cambon (1838 /.4.GRevel 1G9). Il dure du dessin du plan cadastral (1831) par l'adjonction d'une grande remise sur la place de la Mission et de la croix monumentale sur le parvis.

 

L'église vers 1833 et son environnement

 


 

La façade, non visible ici, est celle du XVIII siècle ; le clocher, décapité en 1795, n'a conservé que sa base sur une hauteur de quatorze mètres, protégée par un chaperon surbaissé ; en pointillé: le clocher et la flèche tels qu'ils seront reconstruits de 1845 à 1850 par l'architecte toulousain Cambon et conservés jusqu'à nos jours ; la nef a été prolongée de deux travées, et le chœur, lui-même plus profond, se trouve déporté de quatorze mètres à l'est ; la sacristie, visible à l'extrême droite, est complètement séparée de l'église, et disposée à l'équerre de celle-ci ; elle ouvre ainsi sur la rue de l'Étoile, en face de la remise du presbytère.

Le rempart existe toujours, masquant l'escoussière sur le dessin ; ce n'est plus qu'un mur d'un mètre de hauteur environ à l'intérieur, de deux mètres à l'extérieur au-dessus
 

des anciens fossés ; la porte Notre-Dame a disparu et la rue s'ouvre largement sur la promenade et le tour de ville aménagés à la fin du 18'em` siècle ; le ponteau qui franchit le fossé a été élargi ; l'alimentation en eau de l'abreuvoir se fait depuis la porte de Soréze et le trop-plein s'écoule vers la porte de la rue de Dreuilhe . Tout cela est régulièrement entretenu

À gauche, en face du parvis de l'église, l'escoussière est barrée par le boument sud - de l'hospice construit en 1820 (la commune avait cédé le terrain en 1817) ; les vieilles maisons qui formèrent l'hospice de 1815 à 1830 ont été démolies progressivement à cause de leur vétusté et la nouvelle façade de la première Providence apparaît ici, telle qu'elle est encore aujourd'hui.

La position de l'architecte : il était malade en 1830 ; il ignore ce qu'a dit la fabrique, mais, lui, n'a jamais donné d'ordre verbal pouvant modifier tout le système de construction qu'il avait adopté ; il n'a jamais présenté d'état de situation pour des travaux dont il ne voulait pas assurer la responsabilité ; il a seulement fait payer des acomptes au sieur Caville, mais seulement sur les parties de l'ouvrage non sujettes à contestation.

 

     Où Caville commence à remplir son sac à procès

 

Les mois passent ; Caville, qui a en effet pris un avocat, attaque en novembre 1831 par la voie administrative ; le sous-préfet demande les dossiers, puis les plans pour mieux comprendre les dossiers ; de la sous-préfecture de Villefranche, on monte à Toulouse ; le 31 juillet 1832, M. Lafforgue, architecte départemental, est nommé par arrêté préfectoral pour vérifier les travaux ; fin novembre, on l'attend encore à Revel ; et les constructions nouvelles

menacent ruine [...] ; que va-t-il se passer si en cas de neige, il y a surcharge de la toiture ?

Le maire, dans l'intérêt de la sûreté publique, invite Jean-Pierre Rolland et Germain Cruzel, maçons, Pierre Puget et Jean Pradelles, charpentiers, à examiner les travaux et à placer des étais. Dans la semaine, on apprend la désignation de M. Delor, architecte, en remplacement de M. Lafforgue qui n'a pas rempli sa mission.

M. Delor vient le 7 décembre, rassure les artisans revélois sur la prétendue imminence du péril, et, le 22, adresse son rapport à la mairie (rapport dont je n'ai malheureusement retrouvé que la première page dans les archives communales).

Nouveau mémoire de Caville en janvier 1833 ; mais le 31 mars, le conseil de préfecture se déclare incompétent et retourne le dossier.
 

Et Caville part en justice : dix ans de procédure
 

Caville assigne alors le 22 juillet le conseil de fabrique de la paroisse en justice.

(Dans nos archives, un grand vide de vingt-huit mois.)
 

Le 23 novembre 1835, Caville, incertain de l'issue du procès, essaie de transiger et prend contact dans ce sens avec le maire, M. de Terson. Il semble que la transaction ne réussît pas puisque l'affaire Vitry-Caville est appelée à l'audience du tribunal de Villefranche le mardi 20 décembre 1836, treize mois plus tard !

C'est sans doute celui-ci qui les oriente vers un arrangement notarié, sous la direction de M. de Terson, entre toutes les parties, avec autorisation préfectorale pour le conseil de fabrique soumis à la tutelle légale ; et cela se passera quatorze mois après, en février 1838

Il faut croire que ce fut un échec, car le 11 février 1842, Caville présente un nouveau mémoire pour paiement de travaux, sinon il agira en justice ; un nouveau projet d'arrangement est monté à Revel par MM. Laffont, Gonin et Ribes en juin 1844, et tout cela va s'en aller en eau de boudin (qu'on me pardonne l'expression).

Et la voûte qui s'affaisse, et les murs qui se donnent du mouvement restent en l'état.

Revel est déjà parti sur un autre chantier : la reconstruction du clocher ; M. Delor, qui s'en occupera, présentera le 12 novembre 1849 un projet pour la restauration et le remplacement en charpente de la partie de voûte qui menace de s'écrouler vers l'entrée du sanctuaire de l'église. Courageuse voûte qui, envers et contre tout, résiste depuis le printemps de 1831 !

       

 

 

 

 

  Projets pour l'édification d'un clocher destiné à remplacer celui qui avait été abattu par les "hommes de la convention" en 1795. Seule la partie basse de l'ancien clocher, sur 14m de hauteur, avait subsisté, elle n'est pas représenté ici. Les trois premiers projets (clocher de section carrée) sont de Cambon, architecte de toulouse, datés du 6 aout 1822, in arch. Comm de Revel, serie M4 le quatrième, qui  ressemble au troisième, mais sur une section octogonale, est du même, daté de 1839, in arch départ Toulouse, AMD/PG 839. Tous ces projets, d'une quinzaine de mètres de hauteur, représentent avec la base conservée, des clochers d'environ 28 mètres.

 

 

 

 

 

 

La reconstruction du clocher, faute de finances, ne verra le jour qu'une cinquantaine d'années après sa démolition.

Un projet de Laffon, architecte à Toulouse, de 1844, sera finalement abandonné (premier croquis).

Un autre projet de Cambon, du 30 juillet 1845, est retenu et mis en adjudication à la fin de l'année (deuxième croquis). Les travaux se poursuivent au cours de 1846, mais les ordres d'exécution de l'architecte sont tels qu'ils freinent le travailde l'entrepreneur Cambon était malade il meurt à la fin de l'année . Peut-être son remplaçant, Delor, a-t-il été amené à modifier les plans ? Toujours est-il que le levé de M. Carde, architecte de Toulouse, effectué en 1988 (troisième croquis) diffère sensiblement de celui de Cambon'

Sur cette page, le clocher est bien plus élevé que sur les projets de la page précédente, environ 36 mètres ; M. Carde a levé 37 mètres sans la croix.

 

                                                                      

 

Un clocher pour l'église paroissiale (1845 -1850)

 

L'architecte toulousain Cambon avait fait, en 1822, un projet de clocher pour l'église Notre-Dame, de section carrée et de style italien ; il présenta en 1839 un autre projet, très proche du précédent, mais de section octogonale, coiffé d'une coupole surmontée d'un campanile, dont la hauteur atteignait 28,40 mètres au-dessus du sol ; devis : 12 000 francs.

Le conseil de fabrique demande encore un projet en 1844 à l'architecte Laffon, de Toulouse aussi, et on passera l'année à préparer le dossier (autorisation préfectorale ; mise en adjudication, etc.) pour finalement l'abandonner.

 

Le clocher de Monsieur Cambon

 

Et le 30 janvier 1845, M. Cambon revient avec un nouveau devis de 16 000 francs pour un clocher octogonal à flèche de 36 mètres ; il conserve la base presque carrée, qui n'avait pas été démolie sous la Révolution ; il prévoit de le monter en deux temps : le gros oeuvre pour 12 000 francs ; plus tard; l'aménagement intérieur, en particulier la charpente des cloches et le plancher, pour 4000 francs.

Le budget est ainsi constitué

- apport de la commune: 6000 francs

- subvention du ministre des cultes: 1000 francs (déjà octroyée)

- dons des paroissiens: 3000 francs

- en juin, le ministre des cultes ajoutera un secours de 4000 francs sur trois ans (1000 en 1845, 2000 en 1846, 1000 en 1847)

- secours de la préfecture obtenu enfin en septembre : 2000 francs.

L'adjudication a lieu le 21 décembre 1845 en faveur de Jean (ou Joseph) Arnaud, de Saint-Félix, qui a fait un rabais sur le devis de 5, 25 %, contre A. Molle, de Toulouse (-2 %) et François Rolland, de Revel (-4 %).

Cambon organise le travail d'Arnaud : « Vu la rigueur du temps, j'intime au sieur Arnaud de ne point maçonner et de s'occuper des tailles de pierre et briques pour lesquelles il a reçu les documents ». Et il demande au maire, Jean Joseph Roquefort, de le faire surveiller et de dresser procès-verbal si ses ordres sont enfreints.

(Le 2 février 1846, Cambon adresse au maire un autre projet avec le clocher au milieu de la façade de l'église, au-dessus du porche d'entrée, et, à la réponse négative de Jean Joseph Roquefort, se déclare fâché que ses idées n'aient point reçu approbation de la part du CONSEIL_MUNICIPAL, mais que cela ne change rien pour les opérations en cours).

Le premier juin, Cambon, estimant que le stock de matériaux taillés est suffisant, donne l'ordre de commencer à bâtir.

En août, il donne des instructions pour Arnaud, ainsi que la suite des profils et détails, et essaiera de venir, quoique indisposé, si l'exécution des travaux n'allait pas.

Il écrit encore le 2 décembre (je n'ai pas retrouvé ce courrier) et meurt quelques jours après.

 

Et monsieur Delor succède à monsieur Cambon

 

La famille Cambon confie les dossiers relatifs à l'église de Revel à M. Delor.

Cet architecte de la rue des Filatiers à Toulouse, au numéro 36, avait déjà été désigné par la préfecture pour la vérification des travaux de 1832 et 1838 ; les frais étaient à la charge de la fabrique et celle-ci ne l'avait que très partiellement réglé de ses honoraires, vacations et déplacements ; le 16 janvier 1847, il adresse sa lettre de présentation comme successeur de M. Cambon et présente l'arriéré de son compte au conseil de fabrique.

Cette mise au point étant faite, Delor s'acquitte consciencieusement de sa tâche tout au long de l'année (l'abondance de son courrier le prouve) et fait une réception provisoire le 16 décembre.

Les travaux se continueront en 1848 et la réception définitive a lieu le 21 décembre de cette année chargée d'événements politiques.

 

 Et encore deux ans pour refaire la flèche

 

Quinze jours après, le 4 janvier 1849, Delor est avisé de la dégradation de la flèche du clocher qui avait été couverte de cuivre ; il demande que l'on convoque l'ouvrier chaudronnier à qui Arnaud avait confié cet ouvrage ; il semble que cet ouvrier ait disparu ; l'architecte propose une flèche maçonnée de pierre et de brique ; l'arrêté préfectoral autorisant la reconstruction n'arrive que le 26 avril ; devis : 3000 francs ; en juillet, Galinier rachète le cuivre pour 900 francs ; les travaux durent, et la réception de la nouvelle flèche se fait seulement le 11 décembre 1850 ; c'est la flèche que l'on peut voir encore aujourd'hui depuis la place de la Mission.

 

Faut-il refaire l'église ?

 

Le 15 janvier 1865, Jean Get, maire de Revel, invite M. Esquié, l'architecte départe­mental, à vérifier la solidité de l'église paroissiale ; après sa visite du 25 janvier, Esquié rédige un rapport qui n'a rien d'alarmant. Cependant, l'agent voyer, Saint-Alary, pose quelques témoins de plâtre sur les fissures observées.

M. Esquié revient en octobre : « Pas de craintes sérieuses ! »

En août 1867, Jean Get fait venir M. Chambert (qui a succédé à M. Esquié), lequel analyse à fond la situation, et, en traçant l'historique des travaux de Caville, explique les causes des défectuosités, mais tout ceci est sans danger dans l'immédiat.

Le 30 janvier 1868, suite à des chutes de plâtre, Chambert décide soudain qu'il faut résoudre d'urgence les problèmes que soulève l'insolidité incontestable de l'édifice ; il propose : première solution, une reconstruction totale, coût 130 000 francs ; deuxième solution, reprise des arcs doubleaux, coût 18 000 francs ; troisième solution, suppression des voûtes, que l'on va remplaoer par un plafond en caissons (comme à Notre-Dame-de-Lorette à Paris), coût 35 000 francs.

M. Chambert revient à Revel le 4 mars ; son compte-rendu est clair

·   on peut conserver les quatre premiers arcs doubleaux, ceux qui avaient été construits par Babret au 18` siècle, et que M. Vitry avait estimé devoir conserver ; en conséquence, il est possible d'utiliser la première partie de la nef et ses collatéraux (la partie occidentale) pour les services paroissiaux.

 

les cinquième, sixième et septième arceaux ont au contraire un caractère d'insolidité re­connu et il faut retirer cette zone de la circulation ; c'est la partie orientale (le prolonge­ment de la nef et le choeur) construite par M. Vitry et le sieur Caville dans les années trente.

La municipalité et le conseil de fabrique décident alors de reconstruire entièrement l'église.

Sans tarder, M. Chambert vient exposer sa conception de la future église, une nef moins large, mais quatre collatéraux, un transept très vaste, un choeur plus profond avec déam­bulatoire et chapelle absidiale, et surtout une parfaite symétrie de l'ensemble construit sur une trame dont le clocher est l'élément de base.

Devis et plans suivent rapidement. Le projet est séduisant.

 

1869 : En route pour les grands travaux de l'église actuelle

 

Le conseil de fabrique dispose de fonds ; il compte aussi sur les souscriptions de généreux paroissiens ; la participation communale est inscrite au budget ; en mai 1869, le préfet autorise les travaux en trois tranches, ainsi qu'un emprunt complémentaire de 11 300 francs sur douze ans, et la mise en adjudication de la première tranche.

 

La première tranche de travaux

 

Sept soumissions sont déposées à la mairie ; un maître maçon de Revel, François Bosc, enlève l'adjudication avec un rabais de 8,25 % sur un devis de 52 350,36 francs.

Fin 1870, François Bosc a exécuté pour 25 000 francs de travaux, déjà en partie payés ; le 4 décembre, le conseil de fabrique fait ses comptes ; Monsieur le curé Berdoulat peut assurer la totalité des règlements sans même vendre les titres de rentes que possède la fabrique, « ce qui serait maladroit dans la crise actuelle... »

la crise actuelle, cela s'appelle en histoire la guerre franco-allemande de 1870 ; la situation est plus que grave ; depuis le mois de septembre, il n'y a plus d'empereur ; la république a été proclamée ; Paris est assiégé ; le général Trochu préside un gouvernement de défense nationale ; son ministre de l'intérieur, Léon Gambetta,

siège à Tours ; la Prusse devient Reich allemand à Versailles au début de l'année suivante ; Bismarck demande à la France cinq milliards de francs or ; il est décidé à la saigner : cinq milliards, c'est 250 millions de louis d'or de vingt francs, la bagatelle de 1500 tonnes d'or (75 m3 ) ; un emprunt de deux milliards est à peu près couvert

dans l'année ; un second emprunt de trois milliards, lancé en 1872, sera couvert quatorze fois : le public offre en effet 43 milliards ; l'Allemagne est payée en 1873 avec un an d'avance.

Mais il y a aussi à Paris en 1871 un événement certainement plus sérieux que cette affaire de gros sous cela s'appelle en histoire la Commune.

À Revel, M. Berdoulat, sans doute non troublé par la situation politique, suit de très près les travaux de François Bosc et s'intéresse fort aux plans de M. Chambert : le chœur et le transept, le déambulatoire, la chapelle de la Vierge, les deux sacristies commencent à se dessiner sur le sol ; six colonnes sont prévues autour du chœur, soit sept arceaux ; cela n'est pas un compte pour Notre Dame qui est honorée de neuf grâces ; il faut donc neuf arceaux, soit huit colonnes, et M. Berdoulat renvoie M. Chambert à sa table à dessin.

Et voilà pourquoi peut-être Notre-Dame-de-Grâce est devenue Notre-Dame-des-Grâces.

 

                      

 

 

Plan de l'église actuelle

L'église actuelle a été reconstruite de 1869 à 1889 selon les plans et sous la direction de M. Chambert, architecte ; l'abbé Paul Berdoulat était curé doyen de la paroisse ; Jean Get, puis Paul Sarrat furent dans cette période les maires de Revel. 

En pointillé, le plan de l'église précédente ; ont été conservés le clocher (la base carrée est celle de 1736, peut-être même existait-elle déjà avant ; le clocher octogonal et sa flèche sont de 1845) et les principaux alignements des murailles latérales et des piliers de la nef, tout au moins leurs fondations. 

Dimensions extérieures: longueur: 67m ; largeur: 29m ; hauteur de la toiture de la nef :19m; hauteur des clochetons des tours: 28m ; hauteur du clocher, flèche comprise: 36m. 

Dimensions intérieures: largeur de la nef (entre les axes des piliers): 11 m ; largeur approximative des collatéraux: 4m.

 

 

Cette première tranche des travaux est inaugurée le dimanche de Pâques 1874.

La deuxième tranche de travaux

La deuxième tranche comprend la nef et les quatre collatéraux (ou bas-côtés) ; elle est réalisée de 1874 à 1876 ; on place dans la nef la chaire exécutée par M. Heuillet, un menuisier de la rue de Dreuilhe, et M. Gasc, sculpteur de Castres.

 

La troisième tranche

 

On a alors dépensé 140 000 francs depuis le début ; M. Chambert a remis voilà longtemps à la fabrique les plans et le devis de la troisième tranche qui comprend le porche et la façade, mais non les deux tours carrées latérales ; coût : 50 000 francs ; les tiroirs sont à peu près vides, mais on obtient de la Caisse des Dépôts et Consignations un emprunt remboursable sur douze ans à 5 % (qui sera d'ailleurs ramené à 4,5 %) à savoir 30 000 francs à la charge de la fabrique et 20-000 à la charge de la commune, laquelle a cédé 5,50 m de terrain sur le parvis à la fabrique en vue de cette extension de construction. Les travaux de gros oeuvre seront terminés en 1878 ; les aménagements intérieurs (tribune et planchers) durent encore quelque temps ; M. Bosc, l'entrepreneur, meurt malheureusement en décembre 1880, laissant dans ses affaires un passif assez lourd ; sa caution, Philippe Daydé, qui lui avait avancé de l'argent, reprend ses ouvriers et termine le chantier.

 

Consécration en 1882

 

Mgr Desprez consacre le maître-autel le lundi 22 mai 1882, avec sermon de circonstance de Mgr Caraguel, évêque de Perpignan ; consécration le lendemain des autels latéraux ; quant à l'autel de la Vierge, c'est le maître-autel de l'ancienne église de 1740.

 

Derniers travaux de gros oeuvre en 1889

 

Il faut attendre 1889 pour qu'on s'occupe d'édifier les tours latérales de la façade ; Revel manquait de fonds pour cet ultime ouvrage ; c'est finalement M. le curé Berdoulat qui le paiera de ses deniers ; à cette réalisation tardive, il y a une autre raison : M. Chambert voulait démolir le clocher qui déparerait, disait-il, sa tour méridionale ; le conseil municipal, se faisant l'avocat des paroissiens, avait souvent rappelé avec fermeté que l'on conserverait le clocher ; M. Chambert meurt en janvier de cette année ; il est remplacé par MM. Bréfeil, architecte de Toulouse et Fitte, architecte diocésain, qui sont d'accord pour parachever la façade selon les voeux des revélois ; ils viennent présenter une maquette exécutée par M. Chambert peu de temps avant sa mort ; « le mardi 19 mars, jour de saint Joseph, M. Berdoulat bénit la maquette, en présence de Philippe Daydé, maçon et entrepreneur, qui a eu l'adjudication de ce travail dont la dépense est de quinze mille francs, et de ses ouvriers, et on implore pour ceux qui doivent y travailler la protection et le secours de saint Joseph, pour éviter tout accident dans cette construction ; il y a beaucoup de monde à cette cérémonie». (Compte-rendu d'Antoine Rodier, coiffeur et chroniqueur de la vie revéloise en cette fin de siècle).

Trois mois plus tard, le lundi 17 juin, « l'on a commencé à redescendre de la tour romane qui se construit du côté du boulevard à l'église paroissiale l'échafaudage qui le masque auregard ; le public peut dès maintenant apercevoir la croix qui surmonte la coupole ; elle est en fer forgé et percée à jour à cause du vent qui dans notre contrée est violent par différentes époques de l'année.» (ibid.)

La tour du nord est montée dans les mois qui suivent.

Le curé doyen, pendant ce temps, achève de se construire une chapelle personnelle.

« C'est aujourd'hui, lundi 30 septembre 1889, que M. Berdoulat, curé, bénit la chapelle qu'il a fait construire adjacente au jardin du presbytère ; beaucoup de monde est invité à cette cérémonie et bien peu se sont rendus à cette invitation du vieux curé ; il a été inutile de faire apporter les chaises volantes de l'église paroissiale ; elles n'ont servi à personne, tant il y avait peu de fidèles à cette invitation.» (ibid.)

M. le curé n'aura pas l'occasion d'y aller souvent ; malade, sujet à des attaques répétées, il sera de plus en plus souvent alité ; l'abbé Morère, vicaire régent, assure le service de la paroisse, mais le curé Berdoulat conserve le presbytère pour lui seul jusqu'à sa mort le 7 juillet 1891.

 

Rapide chronologie des travaux et aménagements postérieurs à 1889

 

En juin 1890, l'abbé Morère entreprend la tournée de ses paroissiens ; il procède à une première quête et enregistre des souscriptions sur trois ans afin de faire un plancher sur le sol de l'église, dont le pavé est extrêmement humide ; le succès de cette opération permet la réalisation de cet important travail par l'entreprise Batiste de Toulouse.

 

1891: « Le Christ de Bouchardon » raconté par Antoine Rodier

 

« Le vendredi 30 octobre 1891, arrive à la gare de Revel, en grande vitesse, le Christ, modèle Bouchardon ; il est exposé à l'église à la vénération des fidèles pour recevoir leurs offrandes en vue d'en payer l'achat ; le Christ a été porté de la gare par le camion hippomobile de M. Benoît Ducos, correspondant des chemins de fer ; il a été déposé sur un gradin couvert de tentures, et le sieur François Bonhomme, dit le charbonnier, de la rue du Four a été faire son adoration au Christ, et a déposé dans le tronc son offrande, et déposé avec ses grosses lèvres un baiser au pied du crucifix, ce qui est d'une curieuse dévotion pour ce personnage rempli de bontés vis-à-vis des femmes du pays et de sentiments religieux et chrétiens de ce taquin et méchant de la ville de Revel, etc. etc.»         (Antoine Rodier est à l'occasion bien mauvaise langue).

« Le dimanche premier novembre, après les vêpres, la procession est sortie et a fait le tour des galeries par l'entrée de la rue Notre-Dame et est sortie par la rue de Dreuilhe pour se rendre à la place de la Mission ; le Christ était porté sur un brancard par des jeunes gens ; il est d'un poids de cinq quintaux ; il a été immédiatement hissé par le moyen d'une grue placée derrière la croix, et soulevé par un long câble entourant son corps et il a été boulonné au socle de dessous les pieds et accroché par les reins à la croix qui lui était destinée. » (ibid.)

Des legs importants faits à la paroisse permettent la décoration des chapelles, des autels, de la nef ; nous connaissons par exemple les legs testamentaires du fait qu'ils sont soumis à l'autorisation préfectorale ; en 1881, Claire Caraut, veuve Massia, avait légué 2600 francs, et, la même année, Sœur Victoire des filles de la Charité de Montpellier (alias Zaïre Combos) 6000 francs ; en 1892, encore un legs de 6000 francs de Mlle Claire Gabolde.

La Vierge de Griffoul-Dorval, la Vierge de l'Agonie, le carillon des baptêmes, et plus modestement la livrée rouge et or du suisse sont de cette époque.

Le chœur était alors éclairé par quatre baies rondes d'un mètre de diamètre percées dans le mur du déambulatoire ; elles n'étaient pas du tout dans le style des autres ouvertures ; on les remplace en 1897 par quatre grandes croisées doubles que l'on garnit l'année suivante des huit vitraux dédiés, du nord au sud, au bienheureux Jean-Baptiste de Lasalle et à saint Rémy, à Elisabeth de Hongrie et à sainte Clotilde, à saint Dominique et à saint Roch, à sainte Victoire et sainte Natalie, et provenant de l'atelier Saint-Blancat de Toulouse.

Cette même année 1898, on place sur les piliers de la nef les statues, ô combien sulpiciennes, de saint Jude, saint Louis, saint Louis de Gonzague, saint Vincent de Paul, sainte Anne, sainte Madeleine, sainte Cécile, sainte Catherine et à la fin du mois d'août, pour les deux piliers restants, saint Bernard et saint Augustin, œuvres de l'entreprise Lancé de Toulouse.

Que le lecteur nous permette ici une anecdote à propos d'un fait survenu l'année suivante.

« Aujourd'hui mercredi premier mars 1899, on apprend le décès, dans la matinée, du menuisier Théodore Heuillet dans sa maison en face de la mairie (actuellement, maison Ferriès, rue de Dreuilhe), atteint de jaunisse ; c'est lui qui a fait la chaire, les stalles et la boiserie de l'orgue (vers 1876) ; M. Marty, docteur

médecin et son voisin de maison, lui avait légué à son décès la somme de dix mille francs à cause de son honnêteté ; il était avant ce legs très besogneux et M. Marty avait voulu par là améliorer sa situation.

[...1 Même jour, après-midi : un voisin vient de nous annoncer que Théodore Heuillet s'est réveillé tout à coup : c'était un évanouissement qui avait duré trop longtemps, mais il paraît aller mieux. »

« Jeudi 2 mars : Théodore Heuillet est mort ce matin à la même heure qu'hier (sic) ; cette fois-ci, il est réellement bien mort ; chose étonnante, de jaune, sa physionomie est passée au vert, ensuite au noir le plus noir, et une fois mort, il est devenu rose de figure. » (Antoine Rodier, op. cit.)

 

Au vingtième siècle, après des travaux sur la toiture en 1924 qui s'imposaient depuis longtemps, les archives de la paroisse ont gardé le souvenir d'un mauvais coup du sort « Dans cette première semaine d'août 1931, un violent orage s'est abattu sur Revel, et la foudre est tombée sur une des tours de l'église (la tour du nord, du côté de la ville), attirée par la croix de fer qu'elle a arrachée ; elle a ébranlé la calotte de cette tour ; les blocs de pierre détachés ont crevé la voûte d'un bas-côté et des fonts baptismaux. C'était à cinq heures du soir ; il n'y a pas eu d'accident de personne. Nous avons établi un barrage au milieu de l'église ; les grandes portes d'entrée ont été condamnées et on entre à l'église par celle du bas-côté. Un barrage extérieur a été aussi élevé par les soins de la municipalité.»

Des travaux de charpente en 1936 et 1943 : de l'entretien normal !

En 1946, M. et Mme Lefai, l'un et l'autre élèves des Beaux-arts, viennent peindre la grande fresque du chœur ; leur ouvrage sera inauguré par Mgr Garonne, coadjuteur du cardinal Saliège, et Mgr Puech, évêque d'Albi.

Tous les plâtres sont traités en 1953 d'un badigeon jaune pâle ; l'église fait plus propre, mais ce jaune devient vite « d'une mélancolique tristesse », dira plus tard le curé doyen Guy Chautard.

Il est dans la nature de la foudre d'être attirée par les objets pointus : sa deuxième visite à l'église est pour 1959, sur la flèche du clocher cette fois.

Encore des travaux en 1980 à la toiture du chœur et du bras sud du transept !

Mais c'est surtout de 1989 à 1997 que se succèdent d'importants travaux de toiture et de zinguerie sur les collatéraux, puis la réfection des crépis extérieurs, enfin le réaménagement intérieur qui donne à l'église paroissiale Notre-Dame-de-Grâce un lustre qu'elle n'avait certainement jamais connu.

 

 

 

 

 

 LES CARTES POSTALES DE L'EGLISE DE REVEL

 

 

 

Sources

Archives communales de Revel :  

 Délibérations ; courrier du maire ;

série M4;chroniques revéloises d'Antoine Rodier, in Fonds Rodier.   Victor  Collado : Le cadre de vie à Revel au XVIII siècle / Mémoire de maîtrise, Toulouse II - Le Mirail, septembre 1997.

Archives paroissiales de Revel
Chronologie des travaux de l'église, établie par J.P. Salvat.

                                                                             

Janvier-février 1999.


 
Le livre de Marie Agnes Winter sur les Eglises du canton de Revel

LES EDIFICES SECONDAIRES

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